En Pologne, où le pouvoir conservateur en place entraîne le pays dans des voies de plus en plus kafkaïennes, le metteur en scène Krystian Lupa, familier des auteurs de langue allemande, aborde pour la première fois l’œuvre de Franz Kafka. Avec sa patte inimitable, il adapte Le Procès.

 

Familier des auteurs de langue allemande, dramaturges ou romanciers, et en particulier de Thomas Bernhard – comme on a pu en juger au Festival d’Automne il y a deux ans avec trois productions –, Krystian Lupa n’avait jamais abordé Franz Kafka. C’est désormais chose faite. Il avait adapté Le Procès pour la troupe du Théâtre Polski de Wroclaw, et commencé les répétitions au printemps 2015. Tout s’était brutalement arrêté à la suite de la nomination d’un nouveau directeur plus docile avec le pouvoir ultra-conservateur de Varsovie, tenu par le parti « Droit et justice » prônant une vision nationaliste du théâtre. Protestation, grève, émoi international. Avec l’aide et le soutien de plusieurs théâtres de Varsovie et de l’étranger, Krystian Lupa a pu remettre son spectacle en chantier. Sa version du Procès porte les stigmates de cette histoire. Le Procès est une œuvre inachevée. Krystian Lupa s’en accommode et y invite Félicia, la fiancée de Franz Kafka, ainsi que son ami Max Brod, celui à qui Kafka avait demandé de brûler ses écrits après sa mort. Son ami décédé, Max Brod, ne brûla rien. C’est ainsi que l’on peut lire Le Procès et voir aujourd’hui Krystian Lupa s’en emparer dans son pays devenu kafkaïen.
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Durée : 4h30 (entractes inclus)
Spectacle en polonais surtitré en français